mars 2024

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    There is no such thing as myself

    Partons d’un lieu commun : les héros de notre temps (capitaliste) ne sont ni des politiques, ni même des militaires, pas plus des capitaines d’industrie, mais des entrepreneurs. Qu’ils chantent ou s’envolent vers Mars, ce sont toujours des entrepreneurs. Créatifs, disruptifs, surtout pas productifs - l’argent est siphonné depuis ses flux -, éventuellement producteurs - finançant à leur tour - et finalement bienfaiteurs - philantropes, pensant échapper au fisc comme à l’enfer. Nous vivons dans un monde où les années 80 ont eu lieu : “there is no such thing as society”, on ajoutera “we can be heroes”. L’entrepreneur-héros c’est moi, en concurrence avec toi, avec lui, finalement avec moi aussi. Dans les mêmes années 80, Foucault identifia le tournant néolibéral à cette figure alors naissante de l’entrepreneur de soi. Depuis, beaucoup a été dit sur ce qui permet la construction de ce singulier Moi-Je, à la fois sujet de pouvoir et de liberté, et objet : marchandise, voire capital. Nous voilà dans ce moment où cette figure, trop dépressive, est peut être en passe de muter. Dans le même temps, ceux et celles qui s’activent encore contre le capitalisme apocalyptique doivent s’organiser depuis le monde des Moi-Je - faut-il faire de l’action directe une action promotionnnelle ? faire de moi et mon parti des marques ? Les textes qui suivent, bien que de natures diverses, traitent tous de cela. Le dernier a la charge de les lier.

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