septembre 2024
Comeback
Les années 90 ont beau être à la mode, elles sentent plus que jamais le périmé : le nouvel ordre mondial, son prosélytisme néolibéral progressiste, ses frappes chirurgicales et ses casques bleus - utopie finie. Dans une précédente livraison on se penchait sur les dernières convulsions du néolibéralisme : un peu partout on se fait élire sur sa mort et pourtant le corps bouge encore, quoique de manière désordonnée. On veut se poser la même question pour ce qui est de l’ordre international régi par des règles. On entend beaucoup parler depuis deux ans de retour de la guerre (la Syrie, l’Ethiopie, le Yemen ne comptaient pas). Triple mensonge, bien sûr : elle ne s’est jamais arrêtée, elle prend, malgré les apparences, des formes nouvelles, et surtout ce n’est qu’un début. S’il faut penser la guerre c’est aussi pour anticiper les mobilisations qui viennent - spoiler : pour certains gouvernants, porter un col roulé est le commencement d’une prise d’armes.
avril 2024
Walking deads
Ce serait l’heure des come-backs : le retour de l’Etat, et avec lui de la guerre et de l’autoritarisme. De ce constat débutent deux analyses dominantes, l’une qui voudrait que l’on assiste en direct à la résurrection du fascisme ; et l’autre à l’inverse que rien n’a changé, et que le pseudo-renouveau était déjà à l’oeuvre, à la périphérie (du regard ou de l’occident). Il faut savoir reconnaître et écarter ce qui relève de la tentation de remplir l’armoire à concepts (néo-fascisme, nouveau néolibéralisme) comme celle de ne voir partout que des agitations superficielles (pendant que l’économie continue de modeler le monde). On essaiera plutôt de repérer des ruptures dans l’organisation du pouvoir - et puis sont-elles synonymes de faiblesses, cachent-elles des plaies (à saler) ou des occasions de fuir (armé) ? Cette livraison est encore en cours d’élaboration.
mars 2024
There is no such thing as myself
Partons d’un lieu commun : les héros de notre temps (capitaliste) ne sont ni des politiques, ni même des militaires, pas plus des capitaines d’industrie, mais des entrepreneurs. Qu’ils chantent ou s’envolent vers Mars, ce sont toujours des entrepreneurs. Créatifs, disruptifs, surtout pas productifs - l’argent est siphonné depuis ses flux -, éventuellement producteurs - finançant à leur tour - et finalement bienfaiteurs - philantropes, pensant échapper au fisc comme à l’enfer. Nous vivons dans un monde où les années 80 ont eu lieu : “there is no such thing as society”, on ajoutera “we can be heroes”. L’entrepreneur-héros c’est moi, en concurrence avec toi, avec lui, finalement avec moi aussi. Dans les mêmes années 80, Foucault identifia le tournant néolibéral à cette figure alors naissante de l’entrepreneur de soi. Depuis, beaucoup a été dit sur ce qui permet la construction de ce singulier Moi-Je, à la fois sujet de pouvoir et de liberté, et objet : marchandise, voire capital. Nous voilà dans ce moment où cette figure, trop dépressive, est peut être en passe de muter. Dans le même temps, ceux et celles qui s’activent encore contre le capitalisme apocalyptique doivent s’organiser depuis le monde des Moi-Je - faut-il faire de l’action directe une action promotionnnelle ? faire de moi et mon parti des marques ? Les textes qui suivent, bien que de natures diverses, traitent tous de cela. Le dernier a la charge de les lier.